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Keyvisual de l'exposition «Colonialisme : une Suisse impliquée»

Colonialisme – Une Suisse impliquée

Depuis le XVIe siècle, la société suisse est de plus en plus connectée à l’échelle mondiale. L’exposition a montré, en onze sections, les implications de Suissesses et de Suisses dans des domaines d’activité liés au colonialisme. Ceux-ci vont de la participation à la traite des personnes réduites en esclavage à l’exploitation d’êtres humains et de ressources naturelles justifiée par la recherche scientifique de l’époque, en passant par le service mercenaire dans les colonies.

Le long de son parcours, l’exposition a présenté des personnalités et institutions domiciliées dans la Suisse actuelle, mais également des individus réduits en esclavage et colonisés qui résistent et agissent, même si de nombreuses traces sont presque perdues aujourd’hui.

L’héritage du colonialisme européen est encore bien présent à ce jour dans le monde. Dans sa dernière partie, l’exposition invitait le public à se confronter avec les débats actuels.

Vous trouverez ici une sélection de contenus tirés de l’exposition proposée au Musée national à Zurich du 13 septembre 2024 au 19 janvier 2025. L’exposition sera présentée sous une forme adaptée au Château de Prangins du 26 mars au 11 octobre 2026.

« Le rôle de notre pays, multiforme mais difficile à cerner, nous place face à une décision. Allons-nous esquiver le sujet parce qu’extrêmement complexe ou apparemment impénétrable ? Ou préférons-nous lui consacrer une attention particulière car ce n’est qu’ainsi que nous pouvons comprendre sa portée réelle et la manière dont l’héritage colonial façonne notre présent ? »

Conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider, vernissage à Zurich, 12.09.2024

La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider et Henri-Michel Yéré, poète, historien et chercheur à l’Université de Bâle, sont intervenus lors du vernissage de l’exposition.

 

Sommaire

Asservissement

Afin d’exploiter des plantations dans les Caraïbes ainsi qu’en Amérique du Nord et du Sud, les négociants européens déportent, entre le XVIe et le XIXe siècle, plus de 12 millions d’individus d’Afrique vers les colonies. Cela est possible également parce qu’il existe déjà un commerce interne des esclaves en Afrique.

Plus de 250 entreprises et particuliers suisses prennent part à la traite et à la déportation de quelques 172 000 personnes. La déshumanisation des personnes réduites en esclavage est la condition préalable à cette forme d’exploitation. La traite transatlantique crée les conditions permettant au racisme de se développer dès le XVIe siècle.

© Musée national suisse

Richesse obtenue à travers l’exploitation
La traite atlantique atteint son apogée au XVIIIe siècle. Des villes comme Berne et Zurich investissent aussi dans le commerce des esclaves : toutes deux sont actionnaires de la South Sea Company britannique, qui déporte plus de 38 000 personnes réduites en esclavage.

Stock, action de la South Sea Company, Londres, 1729 | Sammlung des Schweizer Finanzmuseum, Zürich

Fabricant, négociant, investisseur
La maison Christoph Burckhardt & Cie produit à Bâle des indiennes et fait du commerce avec des denrées coloniales. La famille Burckhardt participe à 21 traversées au cours desquelles 7 350 personnes réduites en esclavage sont déportées.

Extrait de compte pour le navire de traite Le Cultivateur, Ch. Burckhardt & Cie, Bâle, 1815–1817 | Schweizerisches Wirtschaftsarchiv, Basel

La liste d’êtres humains à côté de diverses denrées commerciales montre que les personnes réduites en esclavage étaient considérées comme des marchandises. L’esclavage n’est pas une invention du colonialisme européen , mais le commerce triangulaire représente une nouvelle dimension dans la capitalisation du corps humain. Les personnes réduites en esclavage sont dégradées au rang de fret et déportées avec une violence monstrueuse dans les colonies.

Indiennes | © Musée national suisse

Indiennes
Les toiles de cotons imprimées sont une monnaie d’échange importante du commerce esclavagiste. Ce fragment est probablement le seul tissu conservé ayant été produit spécialement pour être échangé contre des personnes réduites en esclavage.

Le lion et la chèvre, Manufacture Petitpierre & Cie, Nantes, vers 1790, impression au bloc de bois sur coton | Musée national suisse

La possession de personnes réduites en esclavage

Depuis le XVIIe siècle, des particuliers suisses possèdent des plantations qu’ils cultivent grâce au travail de personnes réduites en esclavage, par exemple dans les Caraïbes et au Brésil. L’exploitation de femmes, d’enfants et d’hommes réduits en esclavage leur permet de s’enrichir considérablement.

Des entrepreneurs et mercenaires suisses possèdent, eux aussi, des personnes réduites en esclavage dans les colonies européennes. En Asie, par exemple, les mercenaires vivent souvent avec des femmes réduites en esclavage. On sait que certains d’entre eux emmènent les personnes réduites en esclavage en Suisse.

Et aujourd’hui ?

Des demandes de réparation liées au crime de l’esclavage existent depuis des années. Il n’est pas encore clair si et qui doit payer et qui doit obtenir les réparations. L’historien Hans Fässler met les choses en perspective.

Au Brésil, le nom Helvécia rappelle le passé suisse de cet endroit. Le souvenir de l’esclavage perdure chez les descendantes et descendants. Les images du photographe suisso-brésilien Dom Smaz et les bandes de tissu brodées par l’artiste suisse Denise Bertschi évoquent ce passé.

Descendants de l’esclavage
Lorsque l’esclavage est aboli au Brésil en 1888, quelque 2 000 personnes réduites en esclavage obtiennent leur liberté à Helvécia, l’ancienne colonie germano-helvétique de Leopoldina, comme par exemple le grand-père de Dona Cocota.

Dom Smaz, Dona Cocota, Helvécia, Brésil, 2015 | Musée national suisse

Traces de familles suisses
À côté des descendants des personnes réduites en esclavages, des descendants de la famille suisse Sulz vivent aussi à Helvécia, l’ancienne colonie germano-helvétique de Leopoldina.

Dom Smaz, Carlos Henrique Cerqueira (petit-fils de Henrique Sulz), Helvécia, Brésil, 2017 | Musée national suisse

Le commerce

Depuis le XVIe siècle, les Suisses sont actifs dans le commerce de denrées dites coloniales : épices, tabac ou thé en provenance des territoires d’outre-mer. Par la suite, ce sont surtout les textiles la principale monnaie d’échange dans le commerce triangulaire transatlantique – une activité fort lucrative pour les maisons de commerce.

Dès le milieu du XIXe siècle, l’Afrique et l’Asie du Sud-Est servent de débouchés pour les produits industriels européens et en contrepartie l’Europe importe des matières premières pour stimuler sa production industrielle. En Suisse, un pays pauvre en matières premières, certaines maisons de commerce profitent de la situation pour se hisser au rang des principaux négociants en matières premières au monde.

Cacao
La plante de cacao ne pousse que dans les régions tropicales. Au XVIIIe siècle, le cacao une des principales matières premières récoltées par les personnes réduites en esclavage. Il est vendu sur le marché mondial également par des sociétés commerciales suisses. 

Le cacao ne passe d’Amérique du Sud en Afrique qu’au XIXe siècle.  Ce n’est que grâce au cacao des colonies et à l’association entre l’industrie chocolatière et l’industrie laitière en plein essor que le triomphe du chocolat suisse a été possible.

Fruit de cacao, cacahuatl (Nahuatl, langue aztèque), Ghana, 2024

Aire de séchage du cacao à Accra
Fondée en 1859, la bâloise Missions-Handlungs-Gesellschaft naît de la Mission de Bâle. Elle est active dans le commerce du cacao et cultive des cacaoyers. Dès 1921, l’Union Trading Company est une des plus grandes sociétés commerciales de Suisse.

Accra, aire de séchage du cacao, vers 1904/1905 | Mission 21, Bestand der Basler Mission 

La Missions-Handlungs-Gesellschaft est membre du cartel des sociétés européennes de commerce et peut ainsi faire pression sur les prix de production et entraver la concurrence des sociétés africaines présentes sur le marché. Sur la photo : travailleurs locaux et gardien vêtu de « blanc colonial » – l’image exprime clairement la disparité de pouvoir.

Le commerce de transit

Les entreprises de commerce de transit échangent des matières premières sans que les marchandises passent par le pays où elles ont leur siège. Grâce au libre accès aux marchés et à une capitalisation élevée, des entreprises telles que la bâloise Missions-Handlungs-Gesellschaft ou Volkart & Cie génèrent d’importants bénéfices et profitent du fait que les colonies se tournent vers la production de matières premières.

Dès 1880, la baisse des prix des transports et les nouvelles technologies de communication entraînent un énorme essor du commerce ; la Suisse devient l’une des principales plaques tournantes du négoce des matières premières.

Pourquoi la Suisse – un pays sans ses propres matières premières et à la topographie défavorable – est-elle si riche ?
L’état actuel des recherches ne permet pas de répondre à la question de savoir si la Suisse (en tant qu’État) est devenue riche grâce aussi à ses imbrications coloniales. Des entreprises et familles individuelles ont sans aucun doute profité du colonialisme tandis que, vers 1900, la majeure partie de la population était encore pauvre et défavorisée.

Des mythes et des faits : sur l’origine de la richesse suisse, débat avec Markus Somm, journaliste et historien, et Hans Fässler, historien, Echo der Zeit, 21 décembre 2021

Et aujourd’hui ?

En 2021, la Suisse compte quelque 960 entre-prises de commerce de matières premières, qui gèrent environ un quart des transactions liées à cette activité.

Le Nord global continue de profiter des bénéfices, tandis que les pays du Sud global, d’où proviennent les matières premières, supportent la lourde charge des dégâts environnementaux ou sont exposés à des conditions de travail inhumaines. Les populations ne profitent guère de la richesse en matières premières de leurs pays.

Les mercenaires

Dès la fin du XVIe siècle, les mercenaires suisses servent dans les armées coloniales européennes et participent à de violentes campagnes de conquête ainsi qu’au maintien de l’ordre colonial.

Le chômage et le dénuement, mais aussi les modèles de masculinité prônant l’héroïsme et la soif d’aventure, sont des facteurs déterminants qui poussent à s’enrôler dans des armées étrangères. Le mercenariat est certes interdit en 1859, mais le service étranger demeure possible. Des milliers de jeunes Suisses servent dans la Légion étrangère française ainsi que dans l’armée royale des Indes néerlandaises en Asie et Afrique coloniales.

Et aujourd’hui ?

Jusqu’à une bonne partie du XXe siècle, les mercenaires suisses sont célébrés comme des héros, comme des hommes forts prêts à s’engager dans les batailles. On occulte le fait que ces mercenaires ont contribué à imposer des régimes violents, qu’ils ont souvent perdu la vie ou sont rentrés en Suisse gravement traumatisés par les violences vécues.

Dans les anciennes colonies, les mercenaires et leurs violences excessives suscitent des souvenirs bien différents. En 2008, l’ethnologue zurichois Edgar Keller et son collègue Yoseph Agato Sareng ont interrogé des habitantes et habitants de Flores dont les parents et grands-parents ont été témoins des massacres de 1907 ordonnés par Hans Christoffel.

En 2023, Keller et Sareng interviewent à nouveau les descendant·e·s. Dans ce film, Franziskus Rema Lawa, Thomas Mite, Petronela Ene Sugi, Martin Lalu et Mosolaki Kristoferus Oramu racontent les actes de violence qu’ont subis leurs ancêtres, mais aussi la résistance de ces derniers contre les Hollandais.

Les colonies de peuplement

Dès 1600, les gouvernements coloniaux fondent des colonies dites de peuplement, où les Européennes et Européens doivent cultiver un territoire prétendument sans propriétaire et se consacrer au commerce. Ce territoire est ainsi disputé à la population indigène.

Même si la plupart des émigrantes et émigrants suisses sont issus de milieux modestes, bon nombre profitent à long terme, en tant que personnes blanches, des structures de pouvoir dominantes et contribuent à chasser par la violence la population autochtone – surtout en Amérique du Nord et du Sud, mais aussi, dans certains cas, en Asie et Afrique.

New Bern

Christoph von Graffenried fonde en 1710 la colonie de New Bern, dans l'actuelle Caroline du Nord aux États-Unis. La puissance coloniale anglaise lui attribue un territoire de 16 200 hectares, où cependant vivent déjà des familles du peuple Skarù·ręʔ (appelé aussi Tuscarora), qui se battent depuis des années pour leur indépendance.

La guerre éclate en 1711, les Skarù·ręʔ attaquent New Bern, la ville est presque entièrement détruite. En 1712, les Skarù·ręʔ perdent leur combat, des centaines d’entre eux sont tués ou capturés et vendus en tant qu’esclaves.

San Carlos

Lorsque, dès 1809, les pays d’Amérique du Sud s’émancipent des puissances coloniales espagnole et portugaise, des États libres voient le jour, gouvernés par des élites blanches et créoles. Celles-ci sont censées devenir des sociétés blanches d’après le modèle européen.

Entre 1856 et 1896, plus de 20 colonies de peuplement suisses, comme celle de San Carlos, sont fondées en Argentine – en grande partie par des paysans appauvris provenant des vallées alpines valaisannes.

Pauvreté
De nombreux colons – femmes et hommes – ont quitté la Suisse poussés par la pauvreté. Souvent, ils ne s’enrichissent pas dans leur nouvelle patrie, leur situation économique ne s’améliore que pour la deuxième ou troisième génération.

Colonie de San Carlos, 1883 | Schweizerisches Wirtschaftsarchiv, Basel

Cette photographie montre d’une part les conditions de vie difficiles des colons, d’autre part elle cimente l’idée d’un pays vaste et inhabité. On n’y voit pas que les colons s’établissent sur des terres périodiquement habitées par la population indigène, qui est chassée par la force.

Et aujourd’hui ?

À la fin du XIXe siècle, l’État chilien conquiert de vastes régions du sud du Chili actuel, où le peuple Mapuche vit de manière autonome. Les Mapuches sont assassinés ou privés de leurs droits. Leurs terres sont expropriées et distribuées aux colons européens, parmi lesquels la famille Luchsinger originaire d’Engi (GL). 

À ce jour, les Mapuches se battent pour obtenir la restitution de leurs terres, y compris celles appartenant aux descendants de la famille Luchsinger, qui par contre estime en être la légitime propriétaire.

Vendre ce qui ne vous appartient pas
L’œuvre Free To All se compose d’une part d’une affiche historique du Kansas Pacific Railway et d’autre part de la représentation d'un membre de la nation Kaw. Le Kaw au centre recouvre l’inscription qui fait la promotion des paysages extraordinaires que l’on peut découvrir en train.

L’affiche promet des millions d’hectares de terre Free To All : cette inscription se trouve dans le tampon en haut à droite de l’affiche. Chris Pappan place la photographie historique de l’homme Kaw au centre pour montrer que ces terres ne sont pas du tout libres pour tous : des terres qui appartiennent en fait à la population autochtone sont vendues à prix d’or et privatisées. Ces populations autochtones paient le prix fort pour ces terres : soit elles sont forcées de se déplacer, soit elles risquent leur vie.

FREE TO ALL, Chris Pappan, 2013, acrylique et feuille d’or sur bois, Collection NONAM

Affiche Kansas Pacific Railway, Kansas Pacific Railway Company, entre 1880 et 1900, Kansas Historical Society.

Photo : membre de la tribu Kaw, peut-être No-pa-wy, Alexander Gardner, Washington D.C., 1867, National Museum of the American Indian, P10140

L’art de Chris Pappan
L’art de Chris Pappan (*1971, Colorado Springs, États-Unis) transpose dans le présent les histoires de ses ancêtres des tribus Osage et Kaw. Ses œuvres sont basées sur le ledger art, une forme d’art traditionnelle sur papier des autochtones américains qui s’est développée à partir de 1865. Au travers de ses œuvres, l’artiste met en lumière le fait que l’histoire de ces personnes ne s’est pas achevée lors de leur déplacement forcé dans des réserves et qu’elles font bel et bien partie de la société américaine actuelle. Le message central de son art est : «We are still here».

Des individus et non des stéréotypes
L’artiste s’inspire de photographies historiques pour ses œuvres actuelles. Les images aident Pappan à s’immerger dans la vie de ces personnes. Le revers de la médaille est que ces images ont souvent été manipulées et ont servi à diffuser et à reproduire des stéréotypes.

Dans son œuvre Scouts Honor, Pappan montre un foulard datant de 1971 avec au centre une impression stéréotypée. Pappan oppose à cette impression deux portraits représentant deux personnes bien distinctes, aux traits et caractéristiques différents. Elles ne représentent qu’elles-mêmes en tant qu’individus, par opposition à l’impression qui regroupe de manière stéréotypée et superficielle différents groupes de population.

Scouts Honor, Chris Pappan, 2019-2020, photo : Chris Pappan

Les missions

Depuis le XVIe siècle, les missionnaires suisses, à commencer par les jésuites en Amérique latine, sont actifs dans presque toutes les régions du monde pour apporter la foi chrétienne aux personnes qui y vivent. Une des premières et plus grandes œuvres missionnaires évangéliques d’Europe est la Mission de Bâle.

Des missionnaires – femmes et hommes – érigent des hôpitaux et des écoles en collaboration avec les autorités locales. S’il leur arrive parfois d’être à l’origine de transformations sociales, ils entretiennent souvent une vision paternaliste de leurs relations avec la population indigène. De retour dans leur pays d’origine, les missionnaires transmettent l’image de cultures inférieures dans les territoires colonisés.

La Mission de Bâle

La Mission de Bâle est fondée en 1815 par des représentants dévots de l’élite bourgeoise de Bâle et des piétistes d’Allemagne du Sud. Dès 1828, des missionnaires sont envoyés vers la Côte-de-l’Or (aujourd’hui le Ghana) et, dès 1834, vers l’Inde du Sud, où ils procèdent à la conversion religieuse de la population locale et apportent une civilisation prétendument « bienfaisante ».

Les femmes non mariées sont également envoyées dans les régions missionnaires à partir de 1901 – la centrale de Bâle s’attend ainsi à un meilleur « succès de conversion » chez les femmes « païennes ».

Figurines
Ces figurines en terre cuite venant d’Inde doivent faire connaitre aux missionnaires débutants et à la communauté bâloise le cadre de vie dans la zone de mission et les familiariser avec la structure sociale de l’Inde.

Figurines, Inde, env. 1886 | Sammlung der Basler Mission Depositum 1981, Museum der Kulturen Basel

Journal d’une missionnaire
Maria Müller-Kapff (1871–1958), épouse du missionnaire Wilhelm Müller à Calicut en Inde britannique, décrit la situation pendant la Première Guerre mondiale quand les missionnaires sont internés par les Anglais. Son mari est placé en détention préventive.

Journaux sur quelques expériences en Inde pendant les années de guerre 1914–1915, Maria Müller-Kapff | Mission 21, Bestand der Basler Mission 

Jusqu’en 1901, les femmes n’ont pas le droit d’être missionnaires. Leur seule possibilité est un mariage arrangé avec un missionnaire célibataire. De nombreuses femmes sont prêtes à partir dans un pays lointain rejoindre un époux inconnu, à côté duquel elles peuvent mener une vie autonome. Ce n’est qu’à partir de 1901 que la Mission de Bâle recrute aussi des femmes célibataires comme missionnaires.

Et aujourd’hui ?

Depuis sa fondation, la Mission de Bâle essuie également des critiques, qui entraîneront la fin de son travail missionnaire au milieu des années 1950. Ces critiques sont dirigées contre les conversions et le sentiment d’être investi d’une mission, véhiculé par une culture européenne prétendument supérieure.

L’historien indien Mukesh Kumar voit un effet positif au niveau des institutions de santé et d’éducation, qui à de nombreux endroits facilitent la vie des parties converties de la population.

Activisme queer
En tant qu’artiste queer, Sandeep TK traite des tensions entre les varnas, les classes et les sexes, mais intègre également les structures de pouvoir globales issues de l’héritage du passé colonial. Les personnes queers, en particulier, quittent souvent leur village d’origine pour échapper à ces structures, au prix de l’abandon d’une partie de leur propre culture et de l’obligation de s’adapter à un nouveau mode de vie :

« Je me penche également sur les aspirations des queers des petites villes à déménager dans une plus grande ville pour faire partie de la culture urbaine et d’un réseau queer plus étendu. [...] il s’agit d’une expérience collective des queers des petites villes qui s’accompagne de difficultés liées à la confrontation à une nouvelle culture urbaine, à une nouvelle langue et à de nouvelles façons de s’adapter à la vie de la ville. »

Photo : médias sociaux de l’artiste

Série de photos « Let me add something in my own melody »
Au cours de son processus de création, l’artiste réalise que les personnes sur les photos conservées aux archives de la Mission de Bâle sont souvent montrés de manière passive, sans autodétermination et sont dépendantes de la personne qui prend la photo. Il fait le lien entre la position passive des personnes sur les photographies et les histoires de ses ancêtres dans l’environnement de structures coloniales. Il décide alors de raconter ces histoires différemment et de se photographier lui-même pendant le processus. Avec ses autoportraits, il crée ses propres images du passé, de nouvelles images qui montrent une personne autonome – lui-même.

La série de photos montre l’artiste dans des poses mises en scène, racontant les histoires de sa grand-mère, de son père et de lettres de l’époque de la Mission de Bâle.

« La Mission de Bâle est venue à Malabar dans le but de diffuser des messages chrétiens. Pour atteindre leur objectif, ils (les missionnaires) ont créé des écoles, des tuileries et des ateliers de tissage afin d'employer des personnes issues des communautés les plus défavorisées. »

Extrait de la série « Let me add something in my own melody », 2020 | Courtesy of Sandeep TK

« J’ai porté le costume et le pantalon devant un miroir quand personne ne me regardait, lorsque j’ai appris que j’avais obtenu le poste. Je n’ai jamais eu le courage de le porter devant des amis, mais je l’ai porté une fois lorsque j’ai déménagé dans une ville. »

Extrait de la série « Let me add something in my own melody », 2020 | Courtesy of Sandeep TK

Recherches à la Mission de Bâle
« Il y a quelques années, dans le cadre d’une résidence de Pro Helvetia, j'ai eu l’occasion de passer quelque temps aux archives (de leur mission) de Bâle. [...] La Mission de Bâle était une œuvre missionnaire chrétienne, une entreprise européenne avec toutes les connotations impériales de l’époque. Mais ils (les missionnaires) avaient apporté un regard neuf sur la région et pu constater la réalité de la situation des castes intouchables : l’oppression. Dans la mesure où ils ont pu apporter leur aide, les gens leur en ont été reconnaissants, même si leur action était motivée par la ferveur de la conversion religieuse et de la mission civilisatrice. En tant que personne issue de ces mêmes castes intouchables, affecté par la Mission de Bâle, et d’une famille qui ne s’est pas convertie, j’ai eu une réaction complexe tout à fait compréhensible à leur héritage dans mon pays d’origine. »

Citation extraite de : Reading the Body: In Conversation with Sandeep TK, MALLIKA VISVANATHANFEB 26, 2024, Asap Art, alternative South Asia Photography

Photo : médias sociaux de l’artiste

Les experts

Dès le milieu du XIXe siècle, plusieurs experts suisses travaillent au service des puissances coloniales. Des géologues cherchent du pétrole, des ingénieurs construisent des ponts, des fonctionnaires perçoivent des impôts. Leur savoir-faire est mis au service du développement et de l’administration des colonies.

Quelque 200 Suisses travaillent dans l’État indépendant du Congo (1885–1908), une colonie privée du roi des Belges Léopold II. Quelques voix, comme celle de Daniel Bersot, s’élèvent pour critiquer, dans leurs comptes rendus, la maximisation implacable des profits et l’usage excessif de la violence. Par contre, Erwin Federspiel relativise les événements et justifie la domination coloniale. Grâce à ces comptes rendus, les exactions commises dans l’État indépendant du Congo, le travail forcé pour la récolte du caoutchouc et les actes de cruauté sont révélés et font l’objet de débats publics en Suisse.

Critique ambivalente
Le Neuchâtelois Daniel Bersot (1873–1916) séjourne en 1897/1898 pour trois mois comme fonctionnaire dans l’État indépendant du Congo. Après son retour, il critique le colonialisme et raconte dans son livre les mauvais traitements subis avec la « chicote », un fouet en peau d’hippopotame utilisé par exemple en cas de récolte insuffisante de caoutchouc. Néanmoins, le livre contient également des déclarations racistes.

« Sous la chicote ! ces trois mots résument l'histoire du centre africain pendant le dernier quart de siècle ; ils caractérisent le régime d'oppression, d'impitoyable exploitation auquel est soumis un immense pays ; ils renferment toute la vie de crainte et de labeur des n— du Congo. »

Sous la chicote, Daniel Bersot, Genève, 1909 | Patrick Minder, Fribourg

Tentative de justification
Erwin Federspiel (1871–1922) s’engage en 1898 pour dix ans dans la Force publique, troupe militaire et de police de l’État indépendant du Congo, qui réprime la résistance de la population locale avec une extrême violence. Impliqué lui-même dans la collecte des impôts au temps des exactions commises dans l’État indépendant du Congo, Federspiel minimise et justifie les faits dans un écrit.

Wie es im Congostaat zugeht (Ce qui se passe au Congo), Erwin Federspiel, Zurich, 1909 | Zentralbibliothek Zürich, Bro 12780

Le recruteur
Jean Boillot-Robert (1913†) est à partir de 1901 consul de Belgique à Neuchâtel et recrute contre une commission des Suisses de la région comme fonctionnaires pour l’État indépendant du Congo. À cet effet, il publie ce livre où il rassemble les « témoignages oculaires » édulcorés de Suisses rentrés des colonies.

Leopold II et le Congo – Nos fils au continent noir, Jean Boillot-Robert, Neuchâtel, 1904 | Patrick Minder, Fribourg

La science

Sous l’égide coloniale, les scientifiques suisses peuvent mener des recherches en botanique, médecine tropicale ou linguistique. Leurs découvertes se révèlent utiles pour les puissances coloniales : la cartographie, les connaissances « ethnographiques » ou encore la géologie sont utilisées pour assujettir les populations et exploiter les ressources naturelles.

Le savoir indigène est soit ignoré soit usurpé. Les chercheuses et chercheurs « découvrent » des repères ainsi que des espèces animales ou végétales que les peuples colonisés connaissent depuis longtemps. Les scientifiques suisses peuvent en tirer gloire et profit sans mentionner la véritable origine de leurs « découvertes ».

Naturalistes
Entre 1883 et 1907, les naturalistes bâlois Fritz (1859–1942) et Paul (1856–1929) Sarasin entreprennent des expéditions scientifiques dans les territoires coloniaux. Équipés d’instruments de mesure et aidés par des travailleurs forcés, ils explorent les tracés des frontières géologiques, biogéographiques et raciaux-anthropologiques.

Télescope de Paul Sarasin, vers 1900 | Historisches Museum Basel, Erben Beatrix Staub-Sarasin

Arnold Heim | © ETH-Bibliothek Zürich

Expéditions scientifiques
Le géologue Arnold Heim (1882–1965) mène des recherches sur tous les continents. Des compagnies pétrolières financent bon nombre de ses expéditions. Au cours de sa carrière, il devient un défenseur de la nature et un partisan de la décolonisation.

Expédition à Virunga, lac Mutanda (Ouganda), 1954  | ETH-Bibliothek Zürich, Bildarchiv, Hs_0494b-0090-003-AL

Le chercheur audacieux qui pénètre seul « au plus profond » de territoires inconnus et est le « premier » à découvrir ou photographier ceci ou cela, est un mythe. La recherche coloniale est impossible sans coopération locale. Par son savoir et son dynamisme, la population colonisée participe de façon déterminante à l’histoire du savoir. Mais on ne lui reconnaît pas ses découvertes et ses connaissances sur son propre environnement.

Et aujourd’hui ?

Depuis les années 1970, les pays anciennement colonisés demandent la restitution des biens culturels et des restes humains qui leur ont été volés. Toutefois, le traitement des collections muséales issues de contextes coloniaux a commencé à faire l’objet de débats publics seulement ces dernières années. En 2023, le Conseil fédéral a créé une commission indépendante pour le patrimoine culturel au passé problématique.

La décolonisation a fait son entrée dans les musées : ainsi, l’enquête concernant les circonstances d’acquisition des objets et leur restitution est inscrite dans l’agenda de plusieurs musées suisses.

L’exploitation de la nature

Au cours du XIXe siècle, le colonialisme va de pair avec une transformation profonde et la destruction des paysages, de la flore et de la faune – avec un impact sur le climat encore perceptible à ce jour.

Les colonies servent à fournir des ressources naturelles apparemment inépuisables. Leur demande augmente fortement avec l’industrialisation de l’Europe. Des Suissesses et des Suisses pillent aussi les ressources naturelles en pratiquant l’économie intensive de plantation ou la chasse au gros gibier, comme le montrent des exemples provenant de Sumatra et d’Afrique de l’Est.

« Début d’une plantation »
Les photos d’albums des « planteurs » suisses montrent des forêts défrichées. L’économie de plantation coloniale à Sumatra entraîne la perte d’immenses forêts. Le bouleversement radical subi par la nature est considéré comme nécessaire pour accroître les profits.

Album, Sumatra, vers 1880–1900 | Musée national suisse

Biodiversité menacée
L’expansion des surfaces cultivées va de pair avec la perte d’habitat. La biodiversité diminue fortement. La déforestation a un impact négatif sur le climat. Les colonies sont exploitées comme des réservoirs apparemment inépuisables de ressources naturelles.

« Planteur » devant un champ défriché, Sumatra, fin du XIXe siècle | Museum Heiden, Nachlass Traugott Zimmermann

Résistance
L’économie de plantation comporte un fort potentiel de conflit. Cette lettre au planteur zurichois Carl Fürchtegott Grob (1830–1893) illustre la résistance locale. L’expéditeur menace de mettre le feu si ses conditions ne sont pas remplies.

Lettre de menace avec inscription en langue Batak, Sumatra 1875–1880 | Völkerkundemuseum der Universität Zürich, Inv.nr. VMZ 01006, © Kathrin Leuenberger

Et aujourd’hui ?

Le colonialisme est aussi un moteur du changement climatique. Nocive pour l’environnement, l’économie de plantation engloutit, à ce jour, d’immenses surfaces forestières. Le carbone stocké dans les forêts est rejeté dans l’atmosphère, contribuant considérablement à l’effet de serre.

Les anciennes colonies en supportent les coûts. Elles sont bien plus fortement affectées par les conséquences du changement climatique, par exemple par l’élévation du niveau de la mer. Par conséquent, des activistes et des organisations internationales réclament une « justice climatique ».

Continuité
L’artiste indonésien Maryanto se penche sur l’exploitation de la nature et les structures  postcoloniales. Avec ces fruits du palmier à huile, il thématise l’expansion des plantations à Bornéo, l’expulsion des communautés indigènes et la destruction des forêts.

Maryanto, Fresh Fruit Bunch, Yogyakarta, 2023, acrylique sur toile | Yeo Workshop, Singapore

Le voyage à la recherche de l'huile de palme
Maryanto fait des recherches pour son art dans son pays natal, l’Indonésie. Dans des enregistrements vidéo, l'artiste décrit son arrivée sur l'île de Kalimantan :

« Initialement, j'avais imaginé Kalimantan comme une région naturellement belle avec des forêts denses et de grands arbres, mais j'ai été confronté à une réalité différente. Le voyage était parsemé de grands camions transportant du charbon et de l'huile de palme. »

Maryanto, Perjalanan Kelapa Sawit (Le voyage à la recherche de l'huile de palme), 2023 | © Maryanto

L'huile de palme dans la vie quotidienne
Dans cette œuvre, la plante de palmier est submergée par un déluge de logos de multinationales et de marques grand public qui ne nous sont pas étrangères. De Oreo à Nestlé, tous ces produits contiennent de l'huile de palme qui pourrait provenir de plantations en Indonésie. Maryanto nous invite à reconnaître à quel point l'huile de palme est devenue omniprésente dans nos vies, peut-être même à notre insu. Évoquant les sensibilités d'une pancarte improvisée par des activistes et des manifestants, Palm oil in daily life est imprégnée de la même ardeur que les actes de vaillance que ces communautés indigènes accomplissent pour protéger leurs forêts.

Maryanto, Palm oil in daily life, 2023 | © Maryanto

Le racisme

Jusqu’à la fin du XVIIe siècle, la prétendue supériorité de la culture chrétienne est considérée comme une expression de l’« ordre divin ». Dans le sillage du siècle des Lumières, celui-ci est toutefois remis en question.

Au tournant du XIXe siècle, les « théories raciales » prennent de l’ampleur en Europe. Elles ne justifient plus la prétendue supériorité de la « race blanche » par la religion, mais par des facteurs « biologiques », qui incluent des caractéristiques physiques telles que la structure des cheveux, la couleur des yeux ou la forme du crâne. La « théorie raciale » qui en découle contribue de manière essentielle à légitimer la domination impériale et l’exploitation des « races étrangères » dans les colonies.

La recherche raciale, critiquée sporadiquement à cette époque comme pseudo-scientifique, s’impose jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale (1939–1945) comme une branche importante de la recherche. Aujourd’hui, l’idée de « race humaine », notamment grâce à la recherche génétique, est officiellement réfutée.

Le racisme et la science

Vers 1900, les universités de Zurich et Genève se hissent au rang de centres internationaux pour l’« anthropologie raciale ». Les « chercheurs en morphologie raciale » mesurent les crânes de personnes provenant du monde entier et les subdivisent en « races ». En particulier, la méthode de l’« école zurichoise » devient, dès les années 1920, un standard reconnu à l’échelle internationale.

Ces études servent aussi à protéger une « race blanche » prétendument menacée. En Suisse, la « théorie raciale » et l’eugénisme sont encore sporadiquement pratiqués jusque dans les années 1960.

Mesure
L’Institut d’anthropologie de Zurich acquiert une triste notoriété pour ses méthodes de mesure – par exemple sur les crânes. Le développement et les essais de ces méthodes et instruments de mesure ont lieu dans les colonies. 

Compas de mesure, Siber Hegner& Co. AG, Zurich, vers 1960 | Institut für Medizingeschichte, Universität Bern

Chercheurs suisses sur les « races humaines »

Un professeur de Harvard très influent
Le zoologiste, paléontologue et glaciologue Louis Agassiz (1807–1873) émigre aux États-Unis en 1846 et devient l’un des principaux adversaires de la théorie de l’évolution de Darwin. Dans sa théorie de la hiérarchie des « races », l’humanité se divise selon un ordre bien défini, la « race blanche » étant selon lui supérieure à la « race noire ». Agassiz rejette le « mélange des races » : il considère les personnes « métisses » comme inférieures et veut obliger l’État américain à appliquer un principe de ségrégation raciale et spatiale et à accélérer la disparition des personnes « métisses ».

La demande de changement de nom de l’Agassizhorn est rejetée par le Conseil fédéral en 2007 ainsi que par les trois communes de Grindelwald, Guttannen et Fieschertal en 2010 et 2020. À Neuchâtel, en revanche, la place « Espace Louis-Agassiz » est rebaptisée « Espace Tilo-Frey » en 2019.

Carte de visite de Louis Agassiz, William Shaw Warren, vers 1865, via Wikimedia Commons

Théorie de l’évolution comme pierre angulaire
Carl Vogt (1817–1895), partisan résolu du polygénisme, théorie qui divise l’humanité en races d’origines différentes, affirme que les hommes ont évolué non pas à partir d’un seul, mais de plusieurs grands singes semblables à l’être humain. Il en conclut que les personnes noires, en particulier les femmes, présentent un degré d’évolution moindre. Selon Vogt, c’est en particulier la forme du cerveau et du crâne qui permet de déduire que les plus grandes différences ne sont pas entre les personnes noires et les personnes blanches, mais entre les sexes d’une même « race ». De 1839 à 1844, il est assistant de Louis Agassiz à Neuchâtel et en 1873 co-fondateur de l’Université de Genève.

Carl Vogt, K.K. Hofphotograph, Vienne, vers 1860 | The New York Public Library

Stricte séparation des « races »
Le médecin Auguste Forel (1848–1931) défend les conceptions de l’eugénisme et soutient la préservation et la promotion de l’homogénéité de la race blanche. Ses idées eugéniques et racistes se reflètent dans le discours suisse des sciences naturelles qui justifie les prétentions de supériorité coloniales.

Auguste Forel, dans: Clark University, 1889-1899, decennial celebration, Worcester, Mass, 1899 | Internet Archive

Supériorité naturelle
L’ingénieur en mécanique Julius Klaus (1849–1920), darwiniste convaincu, croit à la supériorité et à l’infériorité génétiques des « races humaines ». La race blanche est par nature supérieure à toutes les autres. Klaus justifie ainsi le colonialisme. Grâce à son apport financier d’environ 1'275'000 francs, la fondation Julius Klaus est créée en 1922. On estime aujourd’hui qu’elle a servi de « catalyseur » à la génétique et à la recherche raciale.

Julius Klaus, règlement de la Fondation Julius Klaus, Zurich, 1925 | Wellcome Collection

Hiérarchie des « races »
Entre 1880 et 1910, le zoologue Emile Yung (1854–1918) formule de nombreuses théories d’anatomie comparée entre les différentes « races » humaines et les singes. De manière similaire aux théories de Carl Vogt, la hiérarchisation qu’il établit ne se limite pas aux « races », mais s’étend aussi au sexe et à la classe sociale. Yung procède aussi à des mensurations sur les corps de personnes noires exhibées dans le « Village Noir » de l’Exposition nationale suisse de 1896.

Emile Yung, Jean Lacroix, Genf | Bibliothèque de Genève

 «Hygiène raciale» et éthique
Le psychiatre Paul Eugen Bleuler (1858–1939) se réfère dans ses recherches, comme la plupart des psychiatres universitaires de son temps, à la théorie de la dégénérescence, selon laquelle les maladies mentales doivent être considérées comme une sorte de « dégénération ». Cette théorie se mêle à des idéologies eugénistes et plus tard « d’hygiène raciale ». Dans esssai Die naturwissenschaftlichen Grundlagen der Ethik (1936), il affirme la nécessité d’une hygiène raciale stricte comme base d’un ordre social cohérent.

Paul Eugen Bleuler, vers 1910 | ETH-Bibliothek Zürich, Bildarchiv, Portr_09914

Politisation de « l’hygiène raciale »
Ancien élève d‘Auguste Forel, Ernst Rüdin (1874–1952) est co-fondateur de la revue « Archiv für Rassen- und Gesellschaftsbiologie », éditée par l'Allemand Alfred Ploetz. Dans cette revue militante consacrée à « l’hygiène raciale », Rüdin considère que les prestations scolaires de la population américaine noire sont « un danger à ne pas sous-estimer pour la race blanche » et met en garde contre « un mélange avec le sang blanc ». En 1905, il fait partie des membres fondateurs de la « Société d’hygiène raciale » présidée par Alfred Ploetz.

Ernst Rüdin, tiré de : Erblehre und Rassenhygiene im völkischen Staat, Ernst Rüdin, Munich, 1934 | Zentralbibliohthek Zürich, JKS A 1292

Antisémitisme pseudo-scientifique
George Montandon (1879–1944) devient célèbre dans toute l’Europe après avoir formulé en octobre 1940, à la suite de la capitulation de la France, des « thèses raciales » antisémites dans son ouvrage Comment reconnaître le Juif ?. De 1941 à 1942, ses « thèses raciales » sont mises en pratique dans le Reich allemand. En France, Montandon travaille pour les nazis en qualité d’« expert racial pour les questions juives ».

George Montandon, Neuchâtel, 1913 | Zentralbibliothek Zürich, BR 435

Pour la préservation de la « race blanche »
En 1921, l’anthropologue Otto Schlaginhaufen (1879–1973) est l’un des fondateurs de la Fondation Julius Klaus pour la recherche sur l’hérédité, l’anthropologie sociale et l’hygiène raciale, visant à préparer et à mettre en œuvre les « réformes pratiques pour l’amélioration de la race blanche ». Dans le but de créer les bases d’une typologie raciale de la population suisse, Schlaginhaufen mesure les crânes de personnes asiatiques et dirige le premier grand projet eugénique suisse qui procède à des mensurations anthropologiques sur plus de 35'000 recrues entre 1927 et 1932.

Otto Schlaginhaufen, Franz Schmelhaus, Zurich, 1914 | Universitätsarchiv Zürich, UAZ AB.1.0873

Nouvelle autorité pour la « recherche raciale » suisse
Marc-Rodolphe Sauter (1914–1983) est un élève de l’anthropologue genevois Eugène Pittard (1867–1962) et lui succède à la chaire d’anthropologie à Genève. Sauter veille à ce que la « recherche raciale » reste plusieurs décennies dans l’agenda de l’anthropologie genevoise. Ses travaux de recherche visent à classifier la population européenne en différentes « races » dans le but de conférer une nouvelle autorité à la « recherche raciale » suisse après la Seconde Guerre mondiale.

Marc Roldolphe Sauter, avant 1952 | Bibliothèque de Genève

Le racisme structurel aujourd’hui

Le racisme structurel, qui émane de normes et d’institutions, consiste en une situation défavorisée au niveau de l’instruction, de l’accès aux soins, de la recherche d’un logement et d’une activité professionnelle ainsi qu’en un « profilage racial », à savoir les contrôles policiers basés sur la couleur de la peau.

En 2022, l’étude de référence du Service de lutte contre le racisme en Suisse, qui repose sur les témoignages récoltés, montre que les personnes originaires de l’Europe du Sud-Est, les personnes noires et les minorités religieuses sont exposées à une discrimination structurelle.

Résistance et autonomisation

Depuis les années 1970, plusieurs associations et particuliers s’engagent contre le racisme et la discrimination en Suisse. Depuis 1995, la norme pénale contre le racisme est inscrite dans le Code pénal. La loi protège les personnes discriminées, menacées ou rabaissées en raison de leur couleur de peau, de leur ethnie ou de leur religion.

À côté de bon nombre de réseaux et d’organisations autonomes, il existe dans presque chaque canton un service ou un point de contact publics pour la lutte contre le racisme et la discrimination.       

Robin Bervini, *1989, Tessin

Il m’a fallu beaucoup de temps pour accepter la couleur de ma peau et mon héritage noir. Grâce à mon travail et à mon cheminement vers l’acceptation de soi, j’espère parler aux autres et me rapprocher d’eux, indépendamment de leur culture, de leur sexe ou de leur classe sociale.

Robin Bervini est un photographe et artiste plasticien suisse. Son travail se consacre d’une part à l’être humain, et d’autre part à l’expérimentation technique pour trouver de nouvelles formes d’expression. Au cours de ses études, Bervini s’est d’abord concentré sur les portraits et le corps, qu’il a explorés avec des films traditionnels et instantanés. Actuellement, Bervini s’intéresse à de nouvelles techniques de représentation de l’individu à travers la photogrammétrie, la modélisation 3D et la réalité virtuelle, en se focalisant sur l’identité ethnique, le genre et l’appartenance sociale. Robin Bervini est actuellement producteur créatif chez Stojan.com.

Les travaux de Bervini ont déjà été exposés à Tokyo, Paris, Zurich, Genève, Lugano et Locarno.

Marion Hermann, *1975, Zurich/Berne

J’essaie de rendre visibles les personnes qui n’ont pas les mêmes privilèges que moi.

Marion Hermann est co-propriétaire et directrice du projet d’occupation temporaire « Das Dazw/schen » à Zurich.

Ce projet a pour objectif d’aider les personnes touchées par le racisme structurel à avoir accès à des logements locatifs et à des espaces. J’essaie de limiter autant que possible les démarches administratives et je prends volontiers le temps de répondre aux demandes d’aide. C’est ainsi que de très nombreuses ONG se tournent vers « Das Dazw/schen ».

Marion Hermann se définit comme « activiste ». Elle participe régulièrement à des manifestations où il s’agit de défendre les droits humains.

Mardoché Kabengele, *1995, Berne

Pour pouvoir tenir un discours sur le racisme, il est important de rappeler l’histoire du racisme et la lutte de la société civile contre le racisme.

Mardoché Kabengele est membre du collectif Berner Rassismus-Stammtisch, au sein duquel il milite pour la mise en réseau de personnes ayant des réalités différentes et contre la discrimination structurelle. Il est en outre actif dans différents collectifs, comme le centre communautaire Livingroom ou le format de discussion « We talk - Schweiz ungefiltert ». Depuis 2020, il travaille en qualité de collaborateur administratif au secrétariat de l’Institut Nouvelle Suisse. À 29 ans, il s’interroge actuellement sur les utopies activistes et s’engage en faveur d’un « discours sans complaisance » sur la (post)migration. Car pour Mardoché Kabengele, la migration n’est pas aujourd’hui un état d’exception, mais fait partie du quotidien de la société suisse.

Sandra Knecht, *1968, Bâle/Buus

L’endroit auquel on se sent appartenir, son « chez-soi » doit sans cesse être renégocié – et c'est exactement ce que je fais dans mon travail.

Sandra Knecht a grandi dans l’Oberland zurichois. Avant de décider de vivre et de travailler principalement comme artiste, elle a été éducatrice sociale pendant 25 ans. Dans ses travaux artistiques, elle s’intéresse surtout aux thèmes de l’identité et de la patrie ou de « l’identité de la patrie », comme Knecht l’appelle elle-même. Pour son œuvre My Land Is Your Land, pour laquelle elle a reçu le Prix suisse d’art 2022, Sandra Knecht explore la notion de « patrie », cet endroit où l’on se sent chez soi, qui est pour elle fortement marquée par l’inclusion et la solidarité. Ce chez-soi comme lieu inconnu (Home is a Foreign Place) occupe Knecht depuis plusieurs années maintenant, en prenant la vie à la campagne comme point de départ. En novembre 2015, Sandra Knecht a ouvert la grange « Chnächt » dans la zone portuaire de Bâle. L’intention de l’artiste était de créer un « chez-soi » au milieu d’un non-lieu, où tout le monde est le bienvenu.

La pratique artistique de Sandra Knecht s’articule également autour de la cuisine, de films et de performances.

Shyaka Kagame, *1983, Genève

Je ne considère pas nécessairement mon travail comme militant. À la rigueur, je dirais que mon approche créative est hip-hop : explorer ce que l’on est et ce que les gens autour de nous vivent.

Shyaka Kagame est né à Genève en 1983, de parents d’origine rwandaise.

Après des études de sciences politiques, il se lance dans la réalisation documentaire et sort son premier long-métrage Bounty (JMH & FILO Films/RTS) en 2017.

Le film aborde les questionnements identitaires de la première génération afro-suisse, à travers le quotidien de cinq protagonistes aux profils différents.

En 2018, il réalise pour le magazine d’information Temps Présent (RTS) «Policiers vaudois, une violente série noire», un reportage se penchant sur la multiplication d’affaires d’hommes noirs décédés lors d’interventions policières dans le canton de Vaud.

En 2023, il est auteur et narrateur du podcast « Boulevard du Village noir » (RTS/Futur Proche), une série audio explorant le racisme et l’inconscient colonial en Suisse, à travers la territorialité du boulevard Carl-Vogt, à Genève.

Walesca Frank, *1991, Lucerne

Nos différences individuelles sont ce qui nous rend forts en tant que société. 

Walesca Frank se considère comme designer de communication activiste et a lancé en 2022 un projet de lutte contre le racisme et la discrimination, le « Black Stammtisch » à Lucerne. Son objectif est de promouvoir la conscience de la diversité culturelle et de mettre l’accent sur la représentation visuelle des personnes noires. Elle ne s’intéresse pas seulement à la présentation dans les médias, mais aussi à la réalité physique, ainsi qu’aux multiples facettes que représente le fait d’être un homme ou une femme de couleur noir et Suisse. Début 2024, un projet « Black Stammtisch » est également né à Zurich.

Au cours de ses études de master, elle s’est penchée sur la question de savoir comment on parle du racisme et, sur la base de ce questionnement, a imaginé différents formats de discussion, dont le « Black Stammtisch ». Des personnes se réunissent dans le cadre de cet espace protégé, non seulement pour partager leurs expériences du racisme, mais aussi pour parler ensemble de « Black Joy » et de santé mentale.

Le racisme est un phénomène multidimensionnel qui se manifeste systématiquement au quotidien au niveau individuel, institutionnel et structurel. Ces différents niveaux sont indissociables et interagissent les unes avec les autres. Elles impliquent des rapports de force qui génèrent des normes et des pratiques sociales et influent sur les institutions ainsi que les individus et leurs relations.

La résistance à ces rapports de force se produit lorsque les individus sont confrontés à ces institutions, pratiques et relations. Ces six portraits montrent des personnes qui militent contre les pratiques et les structures racistes et discriminatoires. Elles montrent leur résistance contre le racisme en ne l’ignorant pas, en s’y confrontant, en partageant des expériences, en témoignant ou en faisant prendre conscience de celles-ci par leurs travaux artistiques.

Les photos ont été prises en 2024 par la photographe Yasmin Müller.

Continuités coloniales

Renversement d’un monument | © Musée national suisse

Renversement d’un monument
En 2021, l’artiste genevois Mathias C. Pfund installe une version réduite la tête à l’envers d’une sculpture de David de Pury (1709–1786), impliqué dans le commerce triangulaire et donc dans la traite des personnes réduites en esclavage, à côté de la statue originale de 1855.

Mathias C. Pfund, Great in the concrete, ex. 2/5, 2022, bronze | Musée national suisse

Plus d'informations : Whitey on the Moon & La tête dans le socle

Agassiz, la tête en bas
En 1906, un tremblement de terre à San Francisco est si violent que la statue de Louis Agassiz tombe de la façade de l'université Stanford. Le naturaliste et glaciologue suisse, qui a également développé des théories racistes aux États-Unis, atterrit la tête en bas et s'enfonce dans le sol. Cet événement est interprété des années plus tard comme un geste symbolique de la nature, et l'image d'Agassiz enfoncé dans le sol est utilisée dans la campagne Demounting Agassiz.

Sculpture de Louis Agassiz renversée par le tremblement de terre, Antonio Frilli, Université de Stanford, San Francisco, 1906 | Article de journal « The Fall of Agassiz at San Francisco », The Sphere, 1906 

Statue de David de Pury
Le Conseil communal de Neuchâtel lance en 2022 un appel à projets artistiques, dont Mathias C. Pfund est le co-lauréat. En se basant sur la photo représentant la sculpture renversée d’Agassiz, il remet en question la statue du banquier et négrier David de Pury (1709–1786). L’intention de l’artiste, au travers de cette œuvre, n’est pas de forcer un rapprochement historique entre les biographies de ces deux personnages, mais plutôt de mettre en lumière la manière dont les « grands hommes » sont représentés dans l’espace public.

L’artiste qualifie sa version réduite renversée de la sculpture de note de bas de page afférente à la statue érigée pour de Pury dans l’espace public.

Mathias C. Pfund, Great in the concrete, 2022, Bronze

L’installation vidéo

Que signifie l’héritage colonial pour la Suisse actuelle ? L’installation vidéo met en scène, sous la forme d’un podium, les débats sociaux actuels reflétant diverses positions et perspectives. Les thèmes débattus sont :

  •  Traces coloniales et angles morts
  •  Héritage colonial et culture mémorielle
  •  Responsabilité historique et réparation

La parole est donnée à différentes personnes représentant les champs

© Musée national suisse

Dossier d’accompagnement à destination du personnel enseignant

240911_kolonial_begleitdossier_fr_download.pdf

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