Uomini che partono – les artistes tessinois en Europe
Bernhard Graf
27. Dezember 2019
Au fil des siècles, de nombreuses personnalités ont quitté les rives du lac de Lugano pour devenir des artistes et des architectes de renommée européenne.
Exposition | accessibility.time_to
Deux romans pour la jeunesse écrits au Tessin il y a plus de 80 ans continuent de toucher les lecteurs d’aujourd’hui: «Zora la rousse et sa bande» et «Les Frères noirs». Derrière ces deux classiques de la littérature jeunesse se cache un couple d’écrivains allemands qui s’est réfugié au Tessin après l’arrivée des nazis au pouvoir. Lisa Tetzner et Kurt Kläber ont intégré des pans de leur propre histoire dans leurs œuvres, traitant ainsi de sujets tels que la pauvreté ou les inégalités sociales par le prisme de la jeunesse. L’exposition suit les traces du couple en Allemagne et en Suisse et se penche en détail sur le succès de leurs romans pour la jeunesse devenus emblématiques.
Le Tessin des années quarante a vu naître «Zora la rousse et sa bande» et «Les Frères noirs», deux romans pour la jeunesse qui, 80 ans après leur parution, n’ont rien perdu de leur force narratrice. Ils sont l’œuvre de Lisa Tetzner et Kurt Kläber, un couple allemand qui s’est réfugié en Suisse après l’arrivée des nazis au pouvoir.
En 1933, Lisa Tetzner et Kurt Kläber s’installèrent à Carona, un petit village au sud de Lugano. Ils y rencontrèrent de nombreux écrivains et artistes. Grâce à l’ouverture du tunnel ferroviaire du Gothard et à l’essor du tourisme, le Tessin, qui faisait encore figure de «quartier pauvre» de la Suisse au milieu du 19e siècle, était rapidement devenu une destination de prédilection pour les voyageurs. Le sud de la Suisse attirait surtout des personnalités créatives, comme Hermann Hesse, Meret Oppenheim ou Erich Maria Remarque. Nombre d’entre elles élurent domicile au Tessin. La colonie d’artistes de renommée internationale du Monte Verità, fondée vers 1900, contribua également à attirer du monde dans cette région.
Lisa Tetzner et Kurt Kläber vécurent dès lors dans ce milieu particulièrement stimulant sur le plan culturel. Membre du parti communiste, Kurt Kläber, qui était persécuté en Allemagne, ne fut en sécurité qu’après avoir fui en Suisse. Cependant, même sur cette terre d’exil, la vie du couple était loin d’être facile: Kurt Kläber ayant été interdit de publication, sa femme devait subvenir seule à leurs besoins. De plus, la dictature nazie en Allemagne accablait les deux écrivains. Leur engagement social et politique se reflète dans leur œuvre: tandis que Zora la rousse, dont Kurt Kläber publiera les aventures sous le pseudonyme de Kurt Held, se bat contre les adultes et l’injustice sociale à la tête d’une bande d’adolescents en Dalmatie, l’histoire de Giorgio raconte le destin d’un «spazzacamino», un petit garçon vendu comme ramoneur à Milan.
Ces deux classiques de la littérature jeunesse, empreints du vécu de leurs auteurs, se révèlent toujours aussi poignants au 21e siècle et continuent de toucher les lecteurs. L’exposition met en parallèle l’univers des deux personnages et la vie de Lisa Tetzner et Kurt Kläber au Tessin, devenu un pôle touristique et culturel au 20e siècle.